Elle a la beauté des madones, une allure souple et délicate dont elle ne
joue pas tant son abord est simple, franc et même rieur. Pourtant, cette
sculptrice n'a pas eu la vie droite. Née en 1971 elle appartient à une famille
modeste dont elle délaissera temporairement les
valeurs en se perdant elle-même sept ans durant. Exit les Beaux-arts envisagés
au Maroc. Oubliée la licence en Arts Plastiques qu'elle vient d'obtenir. Ce
n'est que plus tard qu'elle réalise enfin qu'elle doit devenir ce qu'elle a
toujours été : une artiste. Par la force de sa volonté, de cours du soir en
cours du soir, elle intègre Boulle, une école de renom comme une signature et
surtout, comme une renaissance. Désormais, ses yeux regardent, tandis que ses
mains modèlent, creusent, lissent, se rappelant des gestes tant de fois
effectués. Une fillette croisée dans une gare, une silhouette qui se balance
sur une affiche, un poing serré qui se lève, un chien à poils longs... elle
donne vie à ce qui l'émeut, parle d'expressions, de mouvements, de visages.
Elle a déjà eu des commandes, mais ce sont ses œuvres personnelles qu'elles
souhaitent présenter aujourd'hui : des corps dansants si légers qu'ils font
oublier le bronze dont ils sont faits, des robes gonflées de vents, des visages
étonnants. Avant de vendre, je souhaite recueillir le ressenti des gens,
dit-elle. Comme un besoin d'être rassurée, encouragée, voire adoubée. Portée
par cette attente, cette admiratrice de Rodin, Claudel ou Granet continue d'inventer un monde sensible qui lui ressemble, et
qu'elle ouvre à chacun indistinctement.
Valentine Sabouraud | exquismots.com